* Gouel sant Elouan *
d’an 28 a viz Eost
Chapel sant Elouan war barrez Sant-Wenn, eskopti Kernev
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Récit de Malo-Joseph de Garaby
Malo-Joseph de Garaby décrit en détail la vie de saint Elouan dans son livre publié en 1839 : la vie des bienheureux et des saints de Bretagne, pour tous les jours de l’année.
« Avant ce qui est dit de saint Elouan, au 28 août, il faut mettre : En 1666 et 1668 le père Verne, prêtre de la compagnie de Jésus, envoya de La Flèche aux Bollandistes un savant mémoire sur S. Luan ou Elouan. D’après lui, chez les Armoricains, est célèbre un S. Luan auquel se rapporte ce passage de saint Bernard : L’abbaye très-illustre de Banchor produisait de nombreux milliers de moines, et était chef d’une foule de couvents. Ce lieu saint et fertile en saints fructifiait si abondamment pour Dieu, qu’un des fils de cette sainte congrégation, le nommé Luan, fonda cent monastères. Luan d’Armorique ne diffère pas de saint Luan, Lugide ou Moluan, dit Verne : Il est honoré dans la haute Cornouaille. Près de l’église de saint Guin, l’on voit une chapelle moderne et élégante placée sur une colline, où fut jadis un autre oratoire, mais trop petit pour suffire à l’affluence des pèlerins, ce qui le fit accroître. Sur l’autel de l’antique édifice resta, jusqu’au commencement du XVIIe siècle, une ancienne statue représentant le saint en costume d’ermite ; auprès se trouve une pierre tellement creusée qu’elle paraît avoir contenu le corps du saint un peu penché sur le côté gauche, et l’avoir reçu comme dans une cire molle. Les prodiges fréquents y continuent, et le père Maunoir en envoya des relations à son confrère Verne. Celui-ci ajoute que ce saint est appelé par les gens du lieu saint Luhan, et par les français, Elouan ; que les actes de cet élu ne sont plus dans cet endroit, qu’il y a une tradition, dont voici le fond :
1. Il fut envové par saint Tugdual ou Tugal, premier évêque des Trécorois, afin que, dans la forêt que remplacent les paroisses de Mûr et de saint Guin, il menât la vie solitaire. Il y vécut depuis et y mourut. Il y est célébré par une fête anniversaire qui, de temps immémorial se fait, le dernier dimanche d’Août.
2. Il était Irlandais : cependant il y en a qui le disent Breton et disciple de saint Tugdual ; mais cette opinion est fausse et nouvelle.
3. Le nom que les anciens Armoricains lui donnaient le plus ordinairement était Luhan ; ils avaient encore coutume de l’appeler Luan, Elvan ou Elven.
4. Le corps du saint fut déposé dans un sépulcre de pierre maintenant vide, et l’on ignore où ses reliques ont été portées.
5. Sa sainteté est depuis des siècles reconnue de l’Eglise, comme le prouvent la statue et la chapelle élevée en son honneur.
Voilà, dit Verne, ce qu’apprend la vieille tradition locale ; personne ne peut la contredire en rien; je ne saurais rien y changer; et, si je le faisais, il n’y aurait pas un Armoricain qui ne pût m’accuser d’imposture.
Chastelain met la fête de notre saint le 4 août. Dans son Vocabulaire hagiographique il l’appelle Lugidien.
Saint Luan, Lugil, Lugide, et Moluan naquit, dans la Lagénie, de Cartache et de son épouse Sochte, qui signifie généreuse. Dès son enfance, il fut rempli de la grâce céleste, et fut élevé dans l’abbaye de Banchor par saint Comgal. Il se distingua par son obéissance et apprit ainsi à commander. Il fonda le monastère de Drome-Necte qu’il quitta pour éviter des visites importunes. Il étudia sous saint Finnian, et créa une foule d’établissements religieux, auxquels il donna une règle longtemps suivie en Irlande, et approuvée dit-on, par Grégoire-le-Grand. Le silence et le recueillement perpétuel étaient prescrits à ses religieux. Il ne permettait jamais aux femmes de s’approcher d’eux, même dans les églises. Il donnait des leçons et des exemples continuels de travail. Il montrait tant de douceur jusque dans ses réprimandes, qu’on lui donna le nom d’agneau. Voici comme il ramena un laïque qui négligeait la confession. Ils étaient sortis, quand tout à coup Luan dit que, pour la première fois de sa vie il n’avait pas ce jour-là confessé ses fautes à son directeur. La confession est-elle donc si importante ? s’écria son compagnon. Oui, reprit le saint : celui qui ne confessera pas ses péchés, ne trouvera pas grâce devant le Seigneur, et de même que tous les jours on lave les parvis des demeures, ainsi doit-on chaque jour purifier l’âme de ses souillures. Il le pria de l’attendre, et alla remplir ce devoir. Le coupable fit de sérieuses réflexions, et dès lors fréquenta le sacrement réconciliateur.
Luan guérit saint Molaisse d’un ulcère ; il ressuscita un vieillard mort entre ses bras ; rencontrant saint Setni, évêque, il le pria de rester avec lui, vu que la nuit venait ; le prélat lui répondant que son absence inquiéterait ses frères, et qu’il le priait plutôt de prolonger le jour, jusqu’à ce qu’il les eut rejoints, Luan obtint cette faveur du ciel. S’il est notre Elouan, il sera venu chercher un nouveau champ à ses bonnes œuvres et une solitude où il mourrait ignoré. Il finit sa carrière le 4 août 622. Saint Elouan avait des disciples dans ses retraites. Plusieurs endroits portent son nom : Saint-Gelven, dont saint Juvenal est patron ; Rosquelven aussi dans Laniscat, et qui a pour patronne la sainte Vierge, et dans Vannes, la fameuse chapelle de la Vierge à Quelven. Elouan aura évangélisé ces endroits où la reconnaissance fait bénir son nom. »
— Malo-Joseph de Garaby, Vie des bienheureux et des saints de Bretagne, pour tous les jours de l’année, 1839
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