Sant Elouan

* Gouel sant Elouan *

d’an 28 a viz Eost

 

Chapel sant Elouan war barrez Sant-Wenn, eskopti Kernev

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Fête le 28 août de saint Elouan, abbé irlandais qui acheva sa vie en Bretagne armoricaine. Sa chapelle fut construite sur son tombeau près de Mur, en Cornouaille, sous l’impulsion du Père Maunoir.
 
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Ganet eo sant Elouan e Bro-Iwerzhon er 5t kantved. Eno e voe dasavet en abati Bangor gant sant Komgall, ha kelennet da c’houde gant sant Finnian. Sevel a reas meur a vanati en e vro c’henidik, met pezh a glaske dreist pep tra a oa ar sioulder hag an digenvez. Evel kalz kenvroiz dezhañ er c’hantved-se e treizhas neuze ar mor da sevel ur peniti e Breizh. En em staliañ a reas da gentañ e-kreiz koadeg Domnonea lec’h ma rene neuze ar roue Yezekael. Hogen goude ur pennadig amzer e voe direnket Elouan en abeg d’e vrud, ken e kavas gwelloc’h mont kuit alese ha lezel e lec’h d’ur penitiour all, sant Louri. Parrez Sant-Louri e teuas al lec’h-se da vezañ, damdost da vMaoron (Porc’hoed).
Kavout a reas sant Elouan repu neuze war barrez Sant-Wenn e-kichen Mur war ali sant Tudual ; sevel a reas eno e beniti nevez lec’h ma vevas betek e varv en digenvez. Ur gêriadennig a gaver hiziv eno dezhi sant Elouan da anv, ha dreist-holl chapel ar sant. Ar chapel nemeti gouestlet da sant Elouan eo hiziv, met roud anezhañ a gaver en Edern da skouer ha zoken marteze e Rianteg lec’h ma kaver ur gêriadenn anvet Sant-Leon a oa gwechall Sant-Louan.
Brudet kaer e chomas eñvor sant Elouan e Bro-Iwerzhon rak en XIIt kantved en ul lizher da sant Bernez e veneg sant Maelvezeg (Malachia), arc’heskob Armagh hag abad Bangor, meurded ha santelezh sant Elouan, o keñveriañ abad Clairvaux ouzh hemañ.
Met er XVIIt kantved e weler kehelerezh sant Elouan o tispakañ en-dro, ur sebez, da geñver adnevezadur dibar ar feiz e Breizh lusket gant ar gevrinourion hag ar visionerion. Er mare-se eo en em ziskouezas sant Elouan da Gatell Danielou eus Kemper, unan eus tudennoù heverk ar XVIIt kantved a-fet buhez kevrinel e Breizh: endra m’edo d’ar peont-se an tad Maner o visioniñ e Kernev-Uhel, e bro Mur pergen, e c’houlenne a sant ma ve adsavet e chapel e Sant-Wenn, o c’hrataat burzhudoù diniver dre zour e laour-vaen. Adsavet e voe ar chapel adalek 1651 hag e teuas diouzhtu al lec’h da vezañ ur greizenn bennañ evit misionoù an tad Maner: tregont mil a dud ar bloaz kentañ evit heuliañ e gelennadurezh. Eno eo ivez e tiazezas an Tad Mat misioner Kevredigezh beleion ar Misionoù. Degasomp da soñj edo an tad Maner er vro-se o stourm enep ur sektenn diaoulek a veze anvet « digevionded ar Menez » (L’iniquité de la Montagne) ha bennozh da hanterouriezh sant Elouan eo e trec’has warni. Start kenañ e voe da c’houde kehelerezh sant Elouan betek hanterenn gentañ ar XXt kantved. Hiziv e weler bepred chapel ar sant e Sant-Wenn hag e laour-vaen en diavaez anezhi, steuziet kuit eo an dour burzhudus dilinkus enni avat. Ul lec’h meur eo hemañ evit ar feiz en hor bro; fonnus dreist eo bet skuilhet ar grasoù eno, hogen Doue hiziv zo an hevelep hini ha Doue dec’h. Kouviet omp holl start eta da vont di da veuliñ, da c’houlenn, da azeuliñ Aotroù hor buhezioù.
Pedet e vez enep an derzhien o tont diwar ar preñved.

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Récit de Malo-Joseph de Garaby

Malo-Joseph de Garaby décrit en détail la vie de saint Elouan dans son livre publié en 1839 : la vie des bienheureux et des saints de Bretagne, pour tous les jours de l’année.

« Avant ce qui est dit de saint Elouan, au 28 août, il faut mettre : En 1666 et 1668 le père Verne, prêtre de la compagnie de Jésus, envoya de La Flèche aux Bollandistes un savant mémoire sur S. Luan ou Elouan. D’après lui, chez les Armoricains, est célèbre un S. Luan auquel se rapporte ce passage de saint Bernard : L’abbaye très-illustre de Banchor produisait de nombreux milliers de moines, et était chef d’une foule de couvents. Ce lieu saint et fertile en saints fructifiait si abondamment pour Dieu, qu’un des fils de cette sainte congrégation, le nommé Luan, fonda cent monastères. Luan d’Armorique ne diffère pas de saint Luan, Lugide ou Moluan, dit Verne : Il est honoré dans la haute Cornouaille. Près de l’église de saint Guin, l’on voit une chapelle moderne et élégante placée sur une colline, où fut jadis un autre oratoire, mais trop petit pour suffire à l’affluence des pèlerins, ce qui le fit accroître. Sur l’autel de l’antique édifice resta, jusqu’au commencement du XVIIe siècle, une ancienne statue représentant le saint en costume d’ermite ; auprès se trouve une pierre tellement creusée qu’elle paraît avoir contenu le corps du saint un peu penché sur le côté gauche, et l’avoir reçu comme dans une cire molle. Les prodiges fréquents y continuent, et le père Maunoir en envoya des relations à son confrère Verne. Celui-ci ajoute que ce saint est appelé par les gens du lieu saint Luhan, et par les français, Elouan ; que les actes de cet élu ne sont plus dans cet endroit, qu’il y a une tradition, dont voici le fond :

1. Il fut envové par saint Tugdual ou Tugal, premier évêque des Trécorois, afin que, dans la forêt que remplacent les paroisses de Mûr et de saint Guin, il menât la vie solitaire. Il y vécut depuis et y mourut. Il y est célébré par une fête anniversaire qui, de temps immémorial se fait, le dernier dimanche d’Août.

2. Il était Irlandais : cependant il y en a qui le disent Breton et disciple de saint Tugdual ; mais cette opinion est fausse et nouvelle.

3. Le nom que les anciens Armoricains lui donnaient le plus ordinairement était Luhan ; ils avaient encore coutume de l’appeler Luan, Elvan ou Elven.

4. Le corps du saint fut déposé dans un sépulcre de pierre maintenant vide, et l’on ignore où ses reliques ont été portées.

5. Sa sainteté est depuis des siècles reconnue de l’Eglise, comme le prouvent la statue et la chapelle élevée en son honneur.

Voilà, dit Verne, ce qu’apprend la vieille tradition locale ; personne ne peut la contredire en rien; je ne saurais rien y changer; et, si je le faisais, il n’y aurait pas un Armoricain qui ne pût m’accuser d’imposture.

Chastelain met la fête de notre saint le 4 août. Dans son Vocabulaire hagiographique il l’appelle Lugidien.

Saint Luan, Lugil, Lugide, et Moluan naquit, dans la Lagénie, de Cartache et de son épouse Sochte, qui signifie généreuse. Dès son enfance, il fut rempli de la grâce céleste, et fut élevé dans l’abbaye de Banchor par saint Comgal. Il se distingua par son obéissance et apprit ainsi à commander. Il fonda le monastère de Drome-Necte qu’il quitta pour éviter des visites importunes. Il étudia sous saint Finnian, et créa une foule d’établissements religieux, auxquels il donna une règle longtemps suivie en Irlande, et approuvée dit-on, par Grégoire-le-Grand. Le silence et le recueillement perpétuel étaient prescrits à ses religieux. Il ne permettait jamais aux femmes de s’approcher d’eux, même dans les églises. Il donnait des leçons et des exemples continuels de travail. Il montrait tant de douceur jusque dans ses réprimandes, qu’on lui donna le nom d’agneau. Voici comme il ramena un laïque qui négligeait la confession. Ils étaient sortis, quand tout à coup Luan dit que, pour la première fois de sa vie il n’avait pas ce jour-là confessé ses fautes à son directeur. La confession est-elle donc si importante ? s’écria son compagnon. Oui, reprit le saint : celui qui ne confessera pas ses péchés, ne trouvera pas grâce devant le Seigneur, et de même que tous les jours on lave les parvis des demeures, ainsi doit-on chaque jour purifier l’âme de ses souillures. Il le pria de l’attendre, et alla remplir ce devoir. Le coupable fit de sérieuses réflexions, et dès lors fréquenta le sacrement réconciliateur.

Luan guérit saint Molaisse d’un ulcère ; il ressuscita un vieillard mort entre ses bras ; rencontrant saint Setni, évêque, il le pria de rester avec lui, vu que la nuit venait ; le prélat lui répondant que son absence inquiéterait ses frères, et qu’il le priait plutôt de prolonger le jour, jusqu’à ce qu’il les eut rejoints, Luan obtint cette faveur du ciel. S’il est notre Elouan, il sera venu chercher un nouveau champ à ses bonnes œuvres et une solitude où il mourrait ignoré. Il finit sa carrière le 4 août 622. Saint Elouan avait des disciples dans ses retraites. Plusieurs endroits portent son nom : Saint-Gelven, dont saint Juvenal est patron ; Rosquelven aussi dans Laniscat, et qui a pour patronne la sainte Vierge, et dans Vannes, la fameuse chapelle de la Vierge à Quelven. Elouan aura évangélisé ces endroits où la reconnaissance fait bénir son nom. »

— Malo-Joseph de Garaby, Vie des bienheureux et des saints de Bretagne, pour tous les jours de l’année, 1839

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