Ploërmel et le chant grégorien
E Plouarzhmael, gwechall en eskopti Sant-Mac’hloù, e kroged abred da bleustriñ ar c’han gregorian. An Tad Giffard (1846-1922), eus un tiegezh aorin eus Normandia ha deut da Vreizh war-dro 1780, en eskopti Sant-Mac’hloù, a grogas e Kloerdi bihan Plouarzhmael da gelenn ar c’han gregorian, a-raok zoken motu proprio ar Pab Pius X.
Ploërmel, dans l’ancien évếché de Saint-Malo, fut l’une des premières paroisses de Bretagne à retrouver la pratique du chant grégorien. D’une famille d’origine normande établie à Ploërmel vers 1780, l’abbé Giffard y enseigna ce chant sacré comme professeur au Petit Séminaire, avant même le « motu proprio » de Pie X.
Arroud eus kannadig eskopti Gwened
Extrait de la Semaine religieuse du diocèse de Vannes
15 juillet 1922
« Nécrologie – M. Giffard, professeur au petit séminaire de N.-D. Des Carmes
Le Dimanche 25 Juin 1922, s’éteignait doucement à Ploërmel M. l’abbé Lucien Giffard. Il est rare qu’une vie de prêtre, surtout lorsqu’elle se prolonge comme la sienne jusqu’à 76 ans, soit consacrée tout entière dans le même poste à un même ministère. Né Ploërmelais, M. Giffard – sauf les quatre années de son séminaire – demeura attaché à son pays et surtout au petit séminaire de N.-D. Des Carmes où il professa le dessin et la musique de 1871 jusqu’à 1906. On peut dire qu’il la personnifiait, cette chère maison qu’il avait vu naître, prospérer et puis disparaître, hélas ! Et ce fut un double deuil pour nous, les anciens élèves des Carmes, d’assister à son convoi funèbre sous les murs du séminaire outrageusement converti en caserne de gendarmerie !
Aussi on peut dire que ni M. Giffard ni ses élèves ne furent ni déconcertés ni surpris par le « Motu proprio ». Ils étaient prédisposés au contraire pour s’y conformer d’emblée et sans effort. Et il nous rappelle avec quelle facilité le R. P. Daval nous initia au chant demandé par Pie X. Il nous donna la préparation prochaine, mais M. Giffard nous avait donné la préparation éloignée.
Le chant grégorien devait d’ailleurs occuper les derniers jours de M. Giffard ici-bas. Il sut utiliser ses dernières forces pour former encore des chanteurs et des accompagnateurs dans son voisinage. Et sa dernière joie de musicien fut celle de pouvoir jouir de la journée des maîtrises, si réussie, qui eut lieu à Ploërmel quelques jours avant sa mort.
Sa mort, il la vit venir sans plainte, sans effroi, sans surprise non plus, puisque depuis longtemps était préparée dans un tiroir, avec les ornements qui devaient l’ensevelir, l’aube de son sous-diaconat. Et à ses derniers moments, joignant lui-même ses mains sur son crucifix, il indiquait à sa veilleuse de quelle manière il voulait être enseveli.
Ses parents, ses confrères, ses élèves, ses compatriotes vinrent nombreux et recueillis à ses obsèques. Des délégations des écoles libres de la ville et du petit séminaire, les membres du Secours mutuel, les musiciens de Ploërmel qu’il avait jadis conduits aux concours et fait diplômer, lui formèrent un magnifique et imposant cortège. La messe grégorienne des obsèques fut si parfaitement chantée et accompagnée, qu’elle nous parut être digne en tous points de l’artiste et du prêtre auquel nous étions venus rendre nos derniers devoirs. »
« Gant ar sonerezh sakr, dre vezañ unanet start gant al liderezh hag e destennoù, e rank bezañ ar perzhioù-mañ: santelezh, arz gwirion hag hollvezadegiezh » (Kardinal Sarto, Pab Pius X goude-se).
«La musique sacrée, par son étroite union avec la liturgie et avec le texte liturgique, doit posséder au plus haut degré ces vertus: sainteté, vérité de l’art et universalité » (Cardinal Sarto, futur Pie X).